domingo, 16 de agosto de 2009

Mianmar: um veredito inadmissível

França - Le Monde

Título: Birmanie : un verdict inadmissible


Data: 13/08/2009

Gordon Brown, premier ministre britannique



L'issue épouvantable mais inévitable du simulacre de procès d'Aung San Suu Kyi est l'ultime preuve que le régime militaire de Birmanie persiste à défier le reste du monde. L'annonce décourageante de sa condamnation à dix-huit mois de résidence surveillée est tragique, pour elle et sa famille, mais également pour le peuple birman, qui souffre au quotidien sous le joug de la tyrannie.


Les généraux auraient pu saisir cette chance de répondre aux revendications croissantes de changement, et choisir la voie de la réforme comme le demande la communauté internationale. Ils l'ont purement et simplement esquivée. Les chefs d'accusation sont sans fondement, le verdict scandaleux.


La communauté internationale doit réagir à cette nouvelle injustice en lançant un message clair à la junte : ses actes de tyrannie ne seront plus tolérés. De nouvelles sanctions visant directement les intérêts économiques du régime ont été décidées par l'Union européenne en réponse au verdict. Elles doivent être appliquées le plus rapidement possible.


Une action résolue du Conseil de sécurité de l'ONU doit suivre. Seul un embargo mondial sur la vente d'armes au régime saura constituer un premier pas. Je pense également que nous devrions identifier et cibler les juges complices de ces procès politiques factices.


Les généraux ne doivent avoir aucun doute sur la forte solidarité internationale en faveur de la liberté, de la démocratie et du développement en Birmanie. Les conditions politiques et humanitaires dans le pays continuent de se détériorer. Lorsque le cyclone Nargis tua 140 000 personnes et en dépouilla des millions en 2008, les efforts d'assistance du monde entier se heurtèrent à la résistance des autorités ; le soulèvement pacifique des moines de 2007 fut réprimé par la violence ; les minorités ethniques sont persécutées et subissent des attaques armées. Les médias sont muselés, les libertés d'expression et de rassemblement sont inexistantes, et le nombre de prisonniers politiques a doublé, dépassant aujourd'hui 2 000.


De ces prisonniers, Aung San Suu Kyi est la plus emblématique. Elle est devenue un symbole d'espoir et de défiance. Aung San Suu Kyi est une femme d'un très grand courage. Ayant à peine vu ses deux fils pendant ses longues années d'isolement, elle reste cependant déterminée dans sa foi en la démocratie et en le peuple birman. Son refus de plier sous le joug de la tyrannie est une source d'inspiration.


FORMIDABLE POTENTIEL


Le simulacre de procès dont elle vient de faire l'objet est d'autant plus monstrueux que l'objectif réel est de rompre les liens d'Aung San Suu Kyi avec le peuple, pour qui elle incarne l'espoir et la résistance. Le traitement qui lui a été réservé ne peut qu'illustrer la répugnance de la junte à évoluer vers la liberté, la démocratie et l'Etat de droit.


A moins qu'Aung San Suu Kyi soit libérée sans délai - avec tous les prisonniers politiques - et que s'ouvre un véritable dialogue avec l'opposition et les groupes ethniques, les élections de 2010 ne seront pas crédibles. Lors d'une visite à Rangoun, en juillet, le Secrétaire général de l'ONU avait déjà fait état de ces exigences. En rendant un tel verdict, la junte a publiquement fait fi de ses demandes.


Nous arrivons maintenant à un point critique. Devant une telle arrogance, ne rien faire reviendrait à conforter les ignominies d'une junte violente et répressive. Nous devons au contraire montrer que la communauté internationale est unie et coordonnée dans sa réponse.


Un consensus extraordinaire s'est cristallisé contre le régime birman à travers le monde : l'ONU, l'UE, l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean) et plus de 45 chefs d'Etat se sont prononcés. Nous devons tous poursuivre nos efforts pour une réconciliation et un changement politiques véritables, tout particulièrement les pays les plus influents de la région.


La Birmanie est riche en ressources naturelles et humaines, et se situe au coeur d'un continent dynamique. L'ouverture à la démocratie libérerait le formidable potentiel de ce pays. J'ai toujours dit que le Royaume-Uni répondrait positivement à tout signe de progrès, mais à la lumière d'un tel verdict, nous n'avons d'autre choix que d'adopter une ligne plus ferme. Les généraux condamnent le pays et son peuple à un isolement, une pauvreté, un désespoir et un conflit encore plus profonds.


D'aucuns se demanderont pourquoi la Birmanie suscite tant d'intérêt. Il est vrai qu'il y a d'autres pays où les droits de l'homme sont bafoués et où les gens vivent dans une très grande pauvreté. Mais le régime birman se distingue particulièrement par l'ampleur de sa mauvaise administration et de son indifférence aux souffrances quotidiennes de son peuple de 50 millions de personnes. Toutes mes pensées vont vers Aung San Suu Kyi, figure emblématique de la tragédie birmane. Mais les mots et les pensées ne suffisent plus.


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