domingo, 16 de agosto de 2009

Assassinatos, atentados: a situação no Cáucaso russo é degradante

França - Le Monde

Título: Assassinats, attentats : la situation se dégrade dans le Caucase russe


Data: 15/08/2009

Moscou Correspondance


Dans un Caucase russe à la situation de plus en plus volatile, les assassinats et les enlèvements se sont multipliés ces dernières semaines, particulièrement en Tchétchénie, en Ingouchie et au Daguestan. Ainsi, quelques jours après l'assassinat en Tchétchénie de Zarema Sadoulaeva, la directrice de l'ONG "Sauvons la génération", un ministre de la république voisine d'Ingouchie a été tué, mercredi 12 août, dans son bureau.



Le mode opératoire mis en oeuvre pour exécuter le ministre de la construction est celui de professionnels. Deux hommes masqués et vêtus de treillis militaire sont entrés dans son bureau et ont fait feu à l'arme automatique sur lui avant de prendre la fuite.



Le ministre, Rouslan Amerkhanov, est mort sur le coup et un collaborateur a été blessé par balles. Les deux inconnus sont recherchés par les forces de l'ordre.



Quarante-huit heures avant, à Grozny, en Tchétchénie, à une cinquantaine de kilomètres à l'Est, c'est une directrice d'ONG, Zarema Sadoulaeva, ainsi que son mari, qui disparaissaient avant d'être retrouvés, morts, dans le coffre de leur voiture, à quelques kilomètres de la capitale tchétchène. Une affaire qui rappelle l'enlèvement et l'assassinat, le 15 juillet, de Natalia Estemirova, une militante des droits de l'homme respectée en Tchétchénie.



Ces deux affaires sont les dernières d'une longue série d'attentats, d'enlèvements et d'assassinats qui frappent le Caucase russe depuis quelques semaines. Mardi 11 août, un journaliste, Malik Akhmedilov, était tué par balles dans sa voiture au Daguestan ; la veille, quatre policiers et un rebelle périssaient lors de trois attaques, toujours au Daguestan. Début août, cinq policiers sont morts dans une embuscade en Tchétchénie ; la veille, deux attaques, en Ingouchie et au Daguestan, se soldaient par la mort de trois fonctionnaires russes et de deux policiers.



D'après un rapport de l'association de défense des droits de l'homme Memorial, au cours du seul mois de juillet, 46 personnes ont été tuées dans la petite république d'Ingouchie, et les blessés par balles "se comptent par centaines". Selon le président russe lui-même, 75 policiers ont trouvé la mort dans la région entre janvier et mai.



Le Kremlin voulait pourtant croire que la région était en voie de normalisation. Après quinze ans de combat entre les forces fédérales et les mouvances indépendantistes, le président Dmitri Medvedev décrétait en avril la fin de "l'opération antiterroriste" en Tchétchénie, mis en place en 1999. Sous l'emprise du président Ramzan Kadyrov la république tchétchène semblait mieux contrôlée que ses voisines daguestanaises et ingouches, où les mouvements rebelles ont pris de l'ampleur. Les meurtres de Natalia Estemirova et de Rayana Sadoulaeva prouvent le contraire.



Ramzan Kadyrov, 32 ans, jouit toujours du soutien de Moscou, en dépit de la chape de plomb qu'il impose à la Tchétchénie en appliquant notamment de "lois islamiques" contraires à la législation fédérale russe.



Alors que certains soupçonnent l'entourage du président tchétchène d'être responsable de la mort de Natalia Estemirova, Ramzan Kadyrov affirmait, samedi 9 août, qu'il s'agissait d'une femme "sans honneur, sans mérite, sans conscience. Pourquoi Kadyrov aurait-il tué une femme dont personne n'a besoin ?" a-t-il affirmé, parlant de lui à la troisième personne, sur les ondes d'une radio.



En Ingouchie, la nomination par le Kremlin d'un nouveau président à l'automne dernier avait suscité des espoirs, après le règne de Mourat Ziazikov (2002-2008) dont le régime était jugé violent et corrompu. Le nouveau dirigeant, Iounous-bek Evkourov, avait fait montre d'ouverture à l'égard de l'opposition et de la société civile, et entrepris de s'attaquer à la corruption. Une volonté qui explique peut-être l'attentat dont il a été victime le 22 juin. Gravement blessé, le président ingouche a quitté cette semaine l'hôpital moscovite où il était en convalescence. La vice-présidente de la Cour suprême ingouche, elle, n'a pas survécu à l'attaque dont elle a été victime début juin.



Enfin, au Dagestan, république multiethnique coincée entre les montagnes tchétchènes et la mer Caspienne, l'assassinat du ministre de l'intérieur, le 5 juin, est venu rappeler que les attentats et les embuscades sont quasi quotidiens dans la république. Face au chaos ambiant, Dmitri Medvedev n'a pu que reconnaître, fin juillet, que la situation était "très, très difficile" dans le Caucase. Le président russe a exigé d'"accroître l'efficacité des mesures prises" par les forces de l'ordre. Les attentats de ces derniers jours témoignent du chemin qui reste à parcourir.



Alexandre Billette

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